étudier (to study)

Emploi intransitif du verbe en français (au sens de « faire ses études ») qui ne correspond pas à l’usage du français moderne, le vieux français servant une nouvelle fois d’excuse.

Les verbes to study et étudier ne sont pas vraiment de faux amis. Ils sont dans une large mesure synonymes et s’emploient en gros de la même manière. Mais il y a une différence entre l’anglais et le français qui, selon moi, mérite d’être notée.

En anglais, on utilise en effet couramment le verbe sous une forme intransitive, pour exprimer l’idée de « faire ses études ». Cet emploi intransitif du verbe dans ce sens existe certes en français, mais le Robert le qualifie de « vieilli » et il est, à mon avis, à éviter en français moderne.

Ainsi, une tournure comme :

Canadian students studying abroad

donnera en français non pas :

les étudiants canadiens qui étudient à l’étranger

mais plutôt :

les étudiants canadiens qui font leurs études à l’étranger

Les lecteurs attentifs auront remarqué que je n’ai pas mis d’astérisque dans la version française en rouge. C’est parce que le tour n’est pas faux. Il n’est tout simplement pas courant en français moderne.

On le trouve cependant régulièrement sous la plume de locuteurs francophones au Canada et c’est à mon avis non pas parce qu’ils auraient gardé en vie une tournure vieillie du français classique, mais sous l’influence de l’anglais moderne, dans lequel cet emploi intransitif du verbe to study est bel et bien vivant et la façon normale d’exprimer le fait de faire ses études.

Il s’agit donc ici d’un faux ami « grammatical », qui ne concerne que la façon dont le verbe se construit et non ce qu’il signifie à proprement parler.

Quand on utilise le verbe étudier sous une forme intransitive en français moderne, cela fait un effet bizarre, comme s’il manquait quelque chose (à savoir le C.O.D. du verbe). Quand j’entends ou je lis une tournure comme « les étudiants canadiens qui étudient à l’étranger », j’ai envie de demander : « Qui étudient quoi ? »

C’est peut-être du pinaillage, mais je n’arrive pas à défendre et à accepter un usage que d’aucuns pourraient prétendre justifier au nom d’un vieux français « authentique » qui se serait miraculeusement préservé au Canada — alors que, dans la plupart des cas, c’est en raison de l’influence de l’anglais qu’on retrouve cet emploi intransitif en français.