Le verbe français contribuer et le verbe anglais to contribute ont dans une large mesure le même sens. Mais il existe des différences notables entre l’anglais et le français, en particulier dans la façon dont le verbe se construit.
La première différence concerne le complément du verbe. En anglais comme en français, le verbe peut être utilisé comme un verbe transitif indirect. En anglais, il se construit avec la préposition to. En français, il se construit avec la préposition à. Ainsi :
devient en français :
Mais l’anglais est beaucoup plus souple que le français en ce qui concerne le type de complément d’objet indirect que le verbe accepte. En anglais, on peut « contribuer » à toutes sortes de choses, alors qu’en français, on contribue avant tout à un processus.
Ainsi, quand l’anglais dit :
il est impossible de dire en français :
Pourquoi ? Parce qu’un objectif n’est pas un processus. En français, on peut contribuer à des actions appliquées à un objectif, mais pas à un objectif lui-même. Si on y réfléchit bien, c’est la même chose en anglais. Mais pour une raison ou une autre, en anglais moderne, les gens ont tendance à prendre un raccourci et à ne pas exprimer le processus concerné.
En français, il faut donc expliciter ce qui est implicite en anglais. La phrase ci-dessus donnera donc quelque chose comme :
Bien entendu, rien n’interdit de penser que l’anglais sous-entendait plus que cela et impliquait également que la personne en question participerait à la définition de ces objectifs. On pourra donc aussi dire quelque chose comme :
On a ici une certaine liberté, puisque l’original anglais ne prend pas la peine d’expliciter le ou les processus auxquels la personne contribuera. Mais l’essentiel est que le complément de contribuer en français soit un groupe nominal décrivant un processus.
Dans le premier exemple donné plus haut, chute est bel et bien un processus. Il existe certes quelques exemples en français de tournures où le français autorise un raccourci plus ou moins comparable à celui que l’anglais autorise. On pourra ainsi dire :
On peut donc contribuer au bonheur. Le bonheur n’est peut-être pas un processus à proprement parler, mais ce qui est sous-entendu ici, c’est que l’argent contribue à faire le bonheur, à susciter le bonheur de la personne. Il y a donc là encore un processus.
Mais ce genre de raccourci est beaucoup plus rare en français et dans la plupart des cas, il sera impératif que le complément décrive un processus.
Parfois, le processus sous-entendu en anglais est vraiment vague, comme dans la phrase ci-dessous :
Là encore, il est impossible de traduire littéralement :
La raison est que la société n’est pas un processus. On pourrait alors dire quelque chose comme :
Mais c’est un peu maladroit. On préférera dans ces cas-là utiliser une autre façon de contourner le problème, qui est de remplacer le verbe contribuer par l’expression apporter une contribution :
Comme, dans cette tournure, la société devient le C.O.I. du verbe apporter et n’est plus directement le complément de contribuer, qui a été remplacé par le substantif contribution, le problème de l’explicitation du processus implicite ne se pose plus.
L’autre différence entre l’anglais to contribute et le français contribuer est plus évidente : le verbe anglais peut également se construire avec un complément d’objet direct. En anglais, on peut en effet « contribuer quelque chose à quelque chose », ce quelque chose étant la contribution qu’on apporte à l’autre chose (souvent une somme d’argent). Cette structure est inacceptable en français. Le verbe contribuer ne se construit jamais avec un C.O.D.
La question suivante, apparaissant sur un forum québécois, est donc inacceptable :
L’emploi de contribuer avec un C.O.D. est malheureusement une erreur assez répandue au Canada francophone.