Le préfixe co- est un préfixe d’origine latine qui se prête relativement bien, en anglais comme en français, à la création de nouveaux mots. On trouve dans les dictionnaires français des mots comme coaccusé, coacquéreur, coauteur, coéquipier, copilote, etc. Dès lors qu’il existe l’idée d’une collaboration, d’un partage des responsabilités, d’une condition commune, il y a possibilité de créer un composé de ce type, même s’il n’apparaît pas dans le dictionnaire. Et le phénomène est le même en anglais.
Il y a cependant une différence de taille entre les deux langues : en français, le préfixe se construit sans trait d’union. (Je n’ai mis de trait d’union en faisant référence au préfixe lui-même ci-dessus que parce que c’est la convention lexicographique pour distinguer les préfixes des autres mots.)
Autrement dit, une tournure anglaise comme :
donnera en français non pas :
mais :
Comme les autres exemples mentionnés ci-dessus le montrent, il n’y a normalement pas d’exception à cette règle, même si le nom auquel on ajoute co- commence par une voyelle et même si cette voyelle est un o. (À la différence de l’anglais, il n’y a pas de risque, en français, que le oo soit mal interprété et prononcé [u].)
Malheureusement, il semble qu’on tolère de plus en plus, en particulier dans le domaine scientifique, la graphie avec trait d’union. Je trouve, par exemple, dans TERMIUM, pour co-polarization, à la fois copolarisation et co-polarisation, tous deux affublés du label « correct ». Cette tendance est très probablement due à l’influence de l’anglais et il est recommandé d’y résister autant que possible, surtout en dehors du domaine scientifique.
Il n’y a en réalité aucune raison ni de tolérer ni d’exiger ce trait d’union, qui ne correspond ni à l’histoire de la langue française ni aux dernières tendances en matière de simplification de l’orthographe, dont l’objectif est plutôt d’éliminer les traits d’union superflus et non d’en ajouter !