intéressé (interested)

Il n’y a rien du point de vue logique qui empêche en théorie l’existence de « intéressé à + infinitive », mais c’est une question d’usage. Dans la pratique, on utilise d’autres tournures et il me semble évident que la persistance de la structure « être intéressé *à faire quelque chose » au Canada francophone est liée de près à l’influence excessive de l’anglais sur le plan grammatical.

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer le cas du substantif intérêt, qui est à mon avis un faux ami partiel. Mais comme je l’indiquais dans mon article de janvier, la famille de mots composée du substantif intérêt, du verbe intéresser et de tous leurs dérivés est caractérisée à la fois par une grande polysémie et une pluralité de formes — et il en va de même pour interest en anglais — de sorte que, si les notions que le mot évoque se retrouvent dans les deux langues, il y a plusieurs constructions qui peuvent prêter à confusion et susciter l’apparition de calques fautifs dans le passage d’une langue à l’autre.

Le cas qui… m’intéresse aujourd’hui est celui du participe passé adjectival, soit interested en anglais et intéressé en français. En anglais, ce participe passé adjectival se construit avec la préposition in, suivie d’un groupe nominal ou d’une proposition en –ing.

Prenons un exemple avec groupe nominal :

I am not interested in a career in the movies.

Il me semble qu’il ne viendrait à l’idée de personne de rendre cela à l’aide de la préposition à en français :

Je ne suis pas intéressé *à une carrière au cinéma.

En français, on dira plutôt :

Je ne suis pas intéressé par une carrière au cinéma.

ou encore :

Je ne m’intéresse pas à une carrière au cinéma.

Deux structures différentes, qui veulent en gros dire la même chose. Mais le seul cas où la préposition à apparaît est celui de la forme pronominale du verbe, c’est-à-dire s’intéresser.

On pourra aussi dire :

Cela ne m’intéresse pas de faire carrière au cinéma.

Mais évidemment, de ce cas-ci, on modifie le sujet, qui n’est plus un groupe nominal, mais une proposition infinitive. Et la préposition de n’est pas vraiment utilisée avec intéresser. Elle est simplement le résultat de l’application de la tournure impersonnelle avec cela à la proposition faire carrière au cinéma ne m’intéresse pas et sert à introduire l’infinitive en position de complément.

Enfin, remarquons qu’on peut aussi éviter tout simplement de recourir à la famille lexicale intérêt/intéresser et dire quelque chose comme :

Je ne souhaite pas faire carrière au cinéma.

Tout ceci pour dire que, pour la structure avec groupe nominal, la situation est donc relativement claire.

La question qui se pose alors est la suivante : pourquoi la structure intéressé à + infinitif est-elle si répandue au Canada francophone (avec le sens courant d’intéressé), alors qu’elle est inusitée en français moderne ?

Voici un exemple en anglais, tiré comme d’habitude des sites Web du gouvernement du Canada :

I’m not interested in quitting.

Et voici son équivalent français, tel qu’on le trouve sur la page française correspondante :

Je ne suis pas intéressé *à cesser de fumer.

Pour moi, cette structure est à éviter. Pourquoi ? Parce que, de même qu’on n’utilise pas à avec intéressé avec un groupe nominal, on ne l’utilise pas avec une proposition infinitive.

C’est en effet la combinaison du participe adjectival intéressé et de la préposition qui détermine son sens. Ainsi, intéressé dans signifie autre chose (« avoir un intérêt financier dans une entreprise, un projet, etc. »). On peut certes intéresser quelqu’un à quelque chose en français moderne, mais c’est au sens de « faire participer, associer quelqu’un au profit d’une affaire » (par exemple, intéresser les travailleurs aux bénéfices de l’entreprise).

Dans le sens général d’intéresser, en revanche, c’est-à-dire dans le sens « être de quelque intérêt, de quelque importance, de quelque conséquence pour quelqu’un », on ne retrouve pas la préposition à, parce que l’objet de l’intérêt est le sujet de la proposition (par exemple, cette entreprise intéresse le repreneur). Du coup, avec le participe passé adjectival, on a, comme on l’a vu ci-dessus, une structure passive avec par : le repreneur est intéressé par cette entreprise.

Le hic, c’est que la préposition par ne se prête pas vraiment à une construction avec infinitive :

Je ne suis pas intéressé *par cesser de fumer.

Du coup, chez les francophones trop influencés par l’anglais, la tentation est grande d’utiliser une préposition qui semble se prêter mieux à la construction avec infinitive et qui permet de calquer l’original anglais, c’est-à-dire la préposition à.

Dans ce cas comme dans le cas du groupe nominal, cependant, la solution est en fait d’utiliser une des autres tournures, à savoir :

Cela ne m’intéresse pas de cesser de fumer.

On s’écarte du calque trop systématique de la structure grammaticale de l’original anglais, et on a quelque chose qui se dit bien plus naturellement en français moderne.

Vous trouverez certes, si vous faites des recherches, des gens qui cherchent à défendre la structure intéressé à + infinitif — alors même qu’ils avouent ne pas l’aimer, d’ailleurs ! — mais cette défense est à mon avis maladroite, parce qu’elle repose, comme c’est souvent le cas au Canada, sur un recours à l’histoire de la langue française (ce qui est toujours risqué) pour excuser l’anglicisme, sous prétexte qu’on aurait ici la survie d’une forme classique oubliée ailleurs. (Cela reste à prouver.)

À part quelques exemples littéraires isolés, l’utilisation de cette structure dans des cas où l’on ne soupçonne pas l’influence de l’anglais — comme l’exemple donné dans l’article de la structure [e]lles ne sont plus intéressées *à retrouver leur famille, « entendu[e] à TF1 », chaîne de télévision française — relève à mon avis d’un phénomène lié à l’oralité et au fait qu’on peut parfois être piégé par son propre choix de mots et en quelque sorte « obligé » de terminer sa phrase en faisant avec. À partir du moment où l’on choisit d’utiliser la structure X est intéressé, si l’on veut absolument terminer la phrase avec une infinitive au lieu d’un groupe nominal, on n’a pas grand choix : soit on reprend sa phrase avec une tournure différente, soit on triche.

Tout ceci ne change rien au fait qu’il me semble impossible de nier que, si la tournure est si répandue aujourd’hui au Canada francophone, c’est d’abord et avant tout sous l’influence de l’anglais. Et cela en fait donc, en ce qui me concerne, un faux ami qu’il faut éviter.

Pour conclure, il me faut quand même aussi noter le sens 7 donné au verbe intéresser par le Robert, qui est un autre sens de la structure intéresser quelqu’un à quelque chose (avec un sujet nom de personne) : c’est le sens de « faire prendre intérêt, goût ». On parlera, par exemple, d’un enseignant qui s’efforce d’intéresser ses élèves à la matière qu’il enseigne. C’est certes un sens très voisin de celui qui nous concerne, même s’il suppose la présence explicite d’un agent qui suscite l’intérêt. Il n’en reste pas moins que rien n’indique que cette structure soit compatible avec l’emploi d’une construction infinitive. Au contraire, je pense que le locuteur francophone qui souhaite utiliser cette structure fera tout son possible pour convertir l’infinitive en un groupe nominal. Au lieu de dire, par exemple, que l’enseignant s’efforce d’intéresser ses élèves *à explorer l’œuvre de Marcel Proust, il dira : l’enseignant s’efforce d’intéresser ses élèves à l’exploration de l’œuvre de Marcel Proust.

Par ailleurs, les élèves que l’enseignant ne parvient pas à intéresser à la matière ne diront pas je ne suis pas intéressé *à la matière, mais je ne suis pas intéressé par la matière ou la matière ne m’intéresse pas.

On retombe donc sur ce que je dis plus haut. En français moderne, il existe certes un certain nombre de structures bâties à partir des mots de la famille lexicale intérêt/intéresser, mais la structure être intéressé *à faire quelque chose n’en fait pas partie. Il n’y a rien du point de vue logique qui empêche en théorie son existence, mais c’est une question d’usage. Dans la pratique, on utilise les diverses tournures correctes évoquées plus haut et il me semble évident que la persistance de la structure être intéressé *à faire quelque chose au Canada francophone est liée de près à l’influence excessive de l’anglais sur le plan grammatical.

compter pour (to account for)

Faux ami si répandu que les francophones du Canada l’utilisent même quand l’original anglais n’utilise pas la tournure anglaise.

On a ici un exemple classique de faux ami grammatical, où le verbe par lui-même peut être un équivalent de l’anglais, mais pas quand il est construit avec une préposition particulière.

Je prends comme presque toujours un exemple tiré des sites bilingues du gouvernement fédéral du Canada. Voici l’original anglais :

Oils account for 58% of the total number of spills reported.

Et voici le pendant français :

Les huiles *comptent pour 58 p. 100 du nombre total de déversements déclarés.

Malheureusement, s’il existe bien une tournure compter pour en français, elle n’est jamais utilisée dans le sens que l’anglais donne ici à la tournure to account for, c’est-à-dire le sens de « représenter » :

Les huiles représentent 58 p. 100 du nombre total des déversements déclarés.

(Je ne m’attarde pas ici sur la question de savoir si le terme huile est acceptable dans ce contexte. C’est un autre débat.)

Le seul cas où, en français, compter pour semble avoir un sens à peu près équivalent est celui des expressions toutes faites compter pour rien et compter pour du beurre, qui relèvent du langage familier (et dont l’équivalent anglais n’utilise pas la tournure to account for). Mais en réalité les occurrences de la tournure compter pour en français correspondent à un sens nettement différent, qui est celui de « considérer ».

Le Grand Robert cite par exemple il le compte pour mort, signifiant « il considère qu’il est mort ». Et il donne également, sous la même rubrique, les tournures compter quelque chose pour rien et compter quelque chose pour du beurre, au sens de « considérer quelque chose comme négligeable » (toujours dans le registre familier).

Les expressions toutes faites compter pour rien et compter pour du beurre sont donc en fait simplement des formes intransitives de ces mêmes tournures, et le sens est plutôt « être considéré comme négligeable » que « ne rien représenter ». Je dirais donc que, même dans ces expressions figées du registre familier, la tournure compter pour ne correspond pas à l’anglais to account for.

(La tournure anglaise to account for a bien entendu encore d’autres sens sans aucun rapport, qui relèvent du sens de « rendre compte de », « être responsable de » du verbe.)

Le pire est que ce faux ami est tellement répandu chez les francophones du Canada qu’on le trouve désormais sous leur plume même quand ils traduisent des textes anglais qui n’utilisent pas la tournure to account for.

Voici un autre exemple en anglais :

Alberta’s share is 68%.

Et le pendant français :

L’Alberta compte pour 68 p.100 du total.

Bien entendu, l’équivalent français correct serait :

L’Alberta représente 68 p. 100 du total.

ou encore :

La part de l’Alberta est de 68 p. 100.

Le fait que le traducteur francophone a ici utilisé compter pour est révélateur. Il a tellement entendu cette tournure qu’il pense qu’elle est correcte et l’utilise même dans des contextes où son utilisation n’est pas due à l’influence directe de l’anglais.

L’influence est indirecte et encore plus sournoise.

inspirer (to inspire)

Les verbes « to inspire » et « inspirer » sont synonymes, mais ne se construisent pas de la même manière.

Le verbe français inspirer a en gros les mêmes sens que le verbe anglais to inspire. Mais il est important de ne pas oublier que, comme beaucoup de verbes acceptant diverses constructions avec des prépositions, les structures acceptables en français ne sont pas nécessairement les mêmes que celles qui sont acceptables en anglais.

Prenons l’exemple suivant :

We have student outreach programs to senior high school students in order to inspire them into science and professional careers.

Comme la structure to inspire into n’a pas d’équivalent français, le traducteur de cette phrase a choisi la tournure suivante :

Nous avons des programmes d’approche des étudiants pour rejoindre les finissants d’études collégiales afin de *les inspirer à faire carrière dans les sciences.

Hélas, mille fois hélas, cette structure n’existe pas en français. On peut inspirer quelqu’un, on peut inspirer quelque chose à quelqu’un, on peut même (quoique ce soit vieilli) inspirer à quelqu’un de faire quelque chose, mais on ne peut pas *inspirer quelqu’un à faire quelque chose. Et patatras, c’est toute la belle phrase de ce brave traducteur qui s’écroule.

En effet, en tentant de contourner l’obstacle constitué par to inspire someone into something, le traducteur est tombé dans le faux ami que constitue la structure to inspire someone to do something. Cette structure est tout à fait acceptable en anglais, mais son équivalent n’existe tout simplement pas en français.

Que dire alors ? On peut utiliser la tournure vieillie et donc dire :

Nous avons des programmes d’approche des étudiants pour rejoindre les finissants d’études collégiales afin de leur inspirer de faire carrière dans les sciences.

Mais ce n’est pas une tournure courante en français moderne et, surtout, je ne suis pas tout à fait certain que la nuance de sens soit exactement la même. Ici, en effet, to inspire est plutôt utilisé dans le sens d’« encourager » et non de susciter une soudaine vague d’inspiration dans l’esprit des personnes concernées.

Je recommanderais donc tout simplement la traduction suivante :

Nous avons des programmes d’approche des étudiants pour rejoindre les finissants d’études collégiales afin de les encourager à faire carrière dans les sciences.

(Je passe ici sur les autres problèmes de traduction soulevés par cette phrase.)

Le verbe to inspire est avant tout un faux ami sur le plan grammatical (c’est-à-dire sur le plan de ses structures d’emploi), mais comme souvent, cette fausse amitié grammaticale se double d’une légère fausse amitié lexicale.

Méfiance !

considérer (to consider)

L’anglais « to consider » et le français « considérer » sont synonymes, mais ne se construisent pas de façon identique. Le français exige la préposition « comme ».

Le Grand Robert est très clair au sujet du verbe français considérer. Pour que le verbe ait le sens de « juger », « estimer » (sens n˚ 4), il est absolument indispensable de le construire avec la préposition comme. Autrement dit, on ne peut pas construire le verbe considérer avec un adjectif ou un groupe nominal en position d’attribut direct du verbe, comme avec le verbe être ou juger.

Or en anglais, dans le même sens de « juger » ou « estimer », le verbe to consider se construit bel et bien construit sans préposition. Les francophones trop influencés par l’anglais ont donc tendance à « oublier » la préposition comme, ce qui est pour le moins fâcheux.

Voici un exemple tiré, comme d’habitude, d’un site Web bilingue du gouvernement fédéral du Canada. L’extrait de la page en anglais est le suivant :

It was therefore considered essential to seek their views on this important issue.

Et voici ce que dit la page française correspondante :

Il a donc été *considéré essentiel de lui demander son opinion sur cette importante question.

Je ne m’attarde pas ici sur les autres aspects problématiques de cette traduction (comme l’usage abusif du passif) et mets en relief la partie problématique. Il est inacceptable ici de construire le verbe considérer sans la préposition. En français correct, la structure devrait être :

Il a donc été considéré comme essentiel de lui demander son opinion sur cette importante question.

En réalité, pour que la phrase soit vraiment naturelle en français, il faudrait tout tourner autrement et dire quelque chose comme :

On a considéré qu’il était essentiel de lui demander son avis sur cette question importante.

Le changement de structure n’est pas obligatoire, mais il me paraît plus naturel. Ainsi, je le considère comme essentiel et je considère qu’il est essentiel sont deux phrases à priori équivalentes, mais j’aurais tendance à dire que, en raison de la présence (indispensable) de la préposition comme quand le verbe est construit avec un adjectif ou un groupe nominal, la structure se prête davantage aux situations où les éléments de la phrase sont relativement simples sur le plan grammatical.

Or ici, la chose qu’on juge est une proposition infinitive (lui demander son avis…) anticipée par un il impersonnel. Sans passif ni tournure impersonnelle, la phrase serait :

On a considéré [lui demander son avis sur cette question importante] comme essentiel.

Je mets la proposition infinitive entre crochets parce qu’elle n’est pas vraiment acceptable dans cette position (d’où le recours à la tournure impersonnelle). Je cherche simplement à indiquer clairement la fonction des différents éléments de la phrase. Le fait que le C.O.D. du verbe est une proposition infinitive rend l’emploi de considérer comme plus lourd, moins naturel et, tant qu’à faire, il est grammaticalement plus simple d’utiliser le verbe considérer introduisant une proposition conjonctive commençant par que.

On constate d’ailleurs que les divers exemples donnés par le Grand Robert pour considérer comme sont tous des exemples où le C.O.D. est un simple groupe nominal ou un pronom personnel.

Il faut aussi noter ici la tendance, en français, à ajouter le participe présent étant après comme quand on utilise la structure considérer comme. Voici un exemple choisi au hasard sur le Web :

L’une des façons les plus simples de décrire la structure verticale de l’océan est de le considérer comme étant constitué d’une couche profonde d’eau froide…

Pourquoi cet ajout ? On pourrait très bien ici dire simplement comme constitué. Cette tendance à ajouter étant pourrait être… considérée comme un simple signe de préciosité (et c’est sans doute vrai dans certains cas), mais je crois qu’elle trahit en fait un malaise plus profond vis-à-vis de la structure considérer comme elle-même.

Ce malaise rejoint ce que je dis ci-dessus sur la simplicité relative des éléments grammaticaux. Dès qu’on s’écarte des exemples très simples, comme je la considère comme une amie ou je le considère comme responsable, on dirait qu’il y a comme une gêne à utiliser cette structure, qui conduit le locuteur soit à trouver qu’il est plus naturel d’utiliser considérer que… soit à vouloir insérer un étant redondant, comme pour donner plus de solidité à la structure — ce qui, dans un cas comme dans l’autre, revient à expliciter le caractère attributif de la structure en ajoutant, sous une forme ou une autre, le verbe être.

Pour revenir à ce qui nous préoccupe vraiment ici, le problème de base pour les francophones influencés par l’anglais est l’oubli de comme. J’ai trouvé qu’il était assez révélateur, par exemple, que cet oubli soit une des rares erreurs qui aient échappé à l’attention des correcteurs qui ont relu l’ouvrage Les Bienveillantes de Jonathan Littell pour les éditions Gallimard. L’auteur est né à New York et bilingue (anglais/français) et ce n’est sans doute pas un hasard.

Malheureusement, je n’ai pas noté la référence exacte sur le coup quand j’ai rencontré cette erreur dans le livre et je n’ai pas vraiment le temps de relire attentivement plus de 900 pages pour la retrouver… Mais elle m’a frappé sur le coup, à tel point que je m’en souviens encore aujourd’hui, quelques années après avoir lu le livre. C’est, je crois, ce qu’on appelle une « déformation professionnelle »…

MISE À JOUR DU 17 DÉCEMBRE 2021 :

M. David Moucaud, doctorant en stylistique, m’a fort gracieusement fait parvenir les résultats d’une recherche informatisée dans l’ouvrage Les Bienveillantes de Jonathan Littell, qui révèle les quatre occurrences suivantes de considérer sans comme (pagination de l’édition Folio de 2008) :

Quand je me suis engagé, on m’a assuré, au Palais, que cette démarche était compatible avec mon serment de fidélité au roi, dont je ne me *considère toujours pas délié, quoi qu’on en dise. (p. 340)
Je *considérai cet état d’esprit bien étroit de la part de Bierkamp, mais je pouvais le comprendre. (p. 398)
Si on t’a envoyé ici, c’est qu’on ne te *considère pas indispensable : tu en conviendras volontiers avec moi. (p. 511)
Sauf quelques exceptions qui doivent encore être réglées, le Reich lui-même peut être *considéré judenrein. (p. 796)